Des actualités personnelles sous un style impersonnel, et inversement.
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Je relis parfois des articles que j'ai publiés il y a quelques années et je me rends compte que ce blog agit un peu comme un marqueur temporel. Qu'est-ce que je pensais, quels étaient mes centres d'intérêt, de quoi ma vie était faite en 2010 ? J'ai récemment eu une prise de conscience d'un phénomène qui me semble nouveau, alors je serais curieux de voir dans 10 ans ce qu'il en sera.
Ces derniers temps il y a eu le boom des crypto-monnaies. Ce n'est pas nouveau en soi, le bitcoin s'était déjà envolé en 2018. Il y a aujourd'hui le Shiba, le Dogecoin, et bien d'autres.
En quelques clics on peut gagner plus d'argent qu'en travaillant dur toute une vie. Oui.
Ça a toujours été le cas me direz-vous, en grattant un ticket de loto ou en jouant en bourse par exemple. Ceci dit cela se faisait sur des échelles de temps beaucoup plus longues, ou ne concernait qu'une minorité de la population.
Avec la démocratisation de l'accès à toutes sortes de gains "faciles" (Robinhood, startup "licornes", réseaux sociaux...), tout va plus vite, plus fort. Nous vivons aujourd'hui dans une loterie géante où les millionnaires poussent comme des champignons et la structure sociale comme on la connait risque d'être chamboulée. Pour le meilleur ou pour le pire.
La bonne nouvelle est que cela peut rebattre les cartes de la distribution sociale à une vitesse inédite dans l'histoire de l'humanité. Tout le monde a sa chance, on ne pourra pas dire que les opportunités n'ont pas été là.
La mauvaise nouvelle est qu'on marche sur la tête et ça ne cesse de s'accélérer. L'argent n'a plus de valeur. Les start-ups lèvent des milliards, les maisons sont hors de prix et j'en passe. Avec ça, la valeur du travail diminue : pourquoi travailler dur des années quand avec un peu de chance, en pariant sur le bon cheval, on peut gagner des sommes considérables ?
J'ai énormément de mal à accepter ce nouveau système, arrivé sans crier gare. Mon vieux cerveau de 35 ans n'a pas eu le temps de s'adapter. J'ai été éduqué différement : pour moi, c'est la difficulté à gagner de l'argent qui donne sa saveur aux achats. Il faut les avoir mérités ! Avec mon premier salaire je m'étais acheté une vieille voiture d'occasion, et j'étais 10 fois plus heureux de la conduire que si j'achetais un 4x4 neuf après avoir gagné au loto. J'ai bien peur que ce bonheur, qui donnait du sens à nos existences, disparaisse complètement avec les gains (ou les pertes !) instantanés, dénués d'effort, engendrant dépressions et sentiment d'inutilité.
Et que va t'on apprendre aux enfants ? À l'époque, l'école était un passage obligé pour avoir un travail et donc une place dans la société. On ne se posait pas de questions. Aujourd'hui les élèves vont nous rétorquer que cela ne sert plus à rien d'apprendre ses leçons, puisque l'on gagne son pain en tradant du MiamiCoin. Et ils auront raison !
Enfin ce qui m'inquiète le plus est que les gains vont être faits par un plus grand nombre, et surtout de plus en plus jeunes, et que cela va induire un bouleversement terriblement inégalitaire et sans précédent. De prime abord, on pourrait penser que c'est un signe que la courbe des richesses se lisse et conduira à une société plus juste. Mais je crois tout le contraire.
Si une poignée de personnes (stars, ...) sont très aisées, cela n'a que peu de conséquences sur le reste du pays. Ils vont posséder quelques villas et belles voitures. De même si cela arrive sur le tard, à l'approche de la retraite. Mais si 5% ou 10% de la population est millionnaire et jeune, c'est une tout autre histoire (on est à 1% aujourd'hui). Quand on est millionnaire, on est d'une manière ou d'une autre rentier. Il faut donc que 95% de la population produise pour les 5% restants. On espère que les agriculteurs et les industriels ne s'enrichiront pas trop vite pour manquer de rien ! On va vouloir une résidence secondaire, ce qui va augmenter les prix de l'immobilier tous azimuts. On va voyager énormément pour s'occuper, sans se préoccuper de l'environnement. Et surtout, la richesse va s'afficher souvent et partout, ce qui va procurer un sentiment d'infériorité et d'injustice permanents (il n'y a pas eu d'effort dans l'acquisition du capital !) à une grande partie de la population, tandis que l'autre partie se cherchera une raison d'être.
Bref, il y aura les chanceux et les autres. Ceux qui consomment pour combler un vide, et ceux qui trimment pour eux pour combler leurs fins de mois. Les prémices d'une révolution, non pas crypto-startupo-numérique, mais à coups de pavés et briques ?
Je rentre à fond dans un scénario possible, mais il y en a d'autres bien sûr.
Jeu-concours : Qu'en pensez-vous ? le meilleur commentaire verra son auteur récompensé par une sauvegarde dudit commentaire sur une blockchain en Asie.
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